Que font la danse et la performance au musée ?

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Rencontre avec Marcella Lista
7 avril 2015 10h-12h —  Nicéphore Cité
ouvert à tous

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Danse et performance s’installent aujourd’hui dans les musées dédiés aux arts visuels, parachevant, du moins en apparence, leur reconnaissance et leur intégration dans l’histoire de l’art. La cohabitation du régime performatif et du régime de l’objet, toutefois, ne va pas sans frottements, résistances, apories, voire malentendus. Ceci tout particulièrement dans le cadre de l’évolution que connaissent les politiques culturelles vers le « tout événement ».

La performance, si elle apparaît aujourd’hui comme l’un des paradigmes les plus féconds de la modernité artistique, n’en porte pas moins la tradition d’une contre-culture, voire d’une posture ouverte de critique institutionnelle. La danse, dont les avancées et les ruptures radicales sont saluées depuis quelques années en regard de l’histoire de l’art des XXe et XXIe siècles, reste travaillée par une historiographie trop récente et lacunaire pour participer aux débats esthétiques actuels à part égale avec les arts visuels. L’une et l’autre de ces pratiques ont développé des affinités électives avec le film et la vidéo, sans manquer d’exprimer une résistance structurelle – en revendiquant leur statut d’arts « vivants » et éphémères – à l’ontologie des supports enregistrés qui prennent dans les musées une place croissante. C’est un paysage complexe que forment à présent les « arts temporels » (« time-based arts ») dans l’espace d’exposition, dans l’architecture muséale et dans la collection et la conservation des œuvres d’art. Pour toutes ces raisons, les déplacements de la danse et de la performance au musée prêtent à l’investigation critique, à la mesure des attentes qu’elles suscitent.

Cette conférence propose de revenir sur quelques expériences majeures menées dans le champ de la danse et de la performance au musée depuis le début des années 2000. Sa perspective est d’interroger cette question en éclairant son degré d’élaboration conceptuelle par des artistes désireux d’un dialogue avec ce que le chorégraphe Boris Charmatz, fondateur d’un musée expérimental de la danse au conservatoire national de Bretagne, appelle « l’espace historique ».

Biographie

Marcella Lista est historienne de l’art, enseignante et responsable de la programmation en art contemporain à l’auditorium du Louvre. Ses recherches portent sur l’histoire pluridisciplinaire de la modernité, autour de questions soulevées par les croisements entre la musique et les arts visuels, la danse, la performance et les nouveaux médias, les théories élargies de l’abstraction. Elle a été commissaire de plusieurs expositions, dont « Sons & Lumières : une histoire du son dans l’art du XXe siècle » (Centre Pompidou, 2004), « Corps étrangers : danse, dessin, film » (musée du Louvre, 2006);
« Pierre Boulez. Œuvre : Fragment » (musée du Louvre, 2008) ;
« Paul Klee : Polyphonies » (musée de la Musique, Paris, 2011) ;
« Walid Raad / Préface à la première édition » (musée du Louvre, 2013) et « Mark Lewis. Invention au Louvre » (musée du Louvre, 2014). Elle est l’auteure de L’œuvre d’art totale à la naissance des avant-gardes (Paris, INHA/CTHS, 2006) et de plusieurs essais. Parmi ses dernières publications : « Xavier Le Roy : ‘a discipline of the unknown’ », Afterall (Londres, été 2013) ; « Play Dead : Dance, Museums and the ‘Time-based Arts’», Dance Research Journal, Cambridge University Press (sous presse).