Aubes

Atelier Bandes Passantes

Workshop avec Jacques Perconte
du 25 février au 1er mars 2013

« Imaginons un œil qui ne sait rien des lois de la perspective inventée par l’homme, un œil qui ignore la recomposition logique, un œil qui ne correspond à rien de bien défini, mais qui doit découvrir chaque objet rencontré dans la vie à travers une aventure perceptive. »
Stan Brakhage, Métaphores et vision

Se déplacer, s’ouvrir, être prêt à ce qu’il se passe quelque chose, le voir, travailler avec, le pousser… Cette aventure plastique que nous allons vivre pose la question du sens de la fabrication des images en mouvement, vidéos, films, ou toutes autres formes à inventer.

L’opération, l’histoire, ne doit pas être conduite par les outils, ce n’est pas la caméra qui fait l’image, pas la station de montage ou de postproduction qui fait le film, pas le vidéoprojecteur qui donne à voir… technique, technologie, culture… : autant d’écueils que de pistes.

Le film argentique opère par la magie chimique une réaction à l’univers. Chaque photogramme est une empreinte lumineuse du monde fixée sur une concentration identique de sels d’argent répartis dans le plus naturel des chaos. L’impact de la lumière au travers du défilement pelliculaire soutient à chaque nouvelle image la création d’un écho matériel unique du fragment de temps.

L’arrivée des capteurs photoélectriques puis numériques, l’informatisation des appareils d’enregistrement à finalisé le projet de déconnexion entre l’homme et la nature. Les images, les sons ne sont plus que des synthèses mathématiques de l’univers. Et l’infini des formes se retrouve contraint dans les limites physiques de la résolution des capteurs.

« Nous atteignons la fin de l’ère de la vision optique »
Bill Viola

Dans ce paradoxe du numérique, l’acte de création ne va plus de soi. L’effort de l’action doit être de plus en plus grand. L’intention de plus en plus forte. La relation avec les outils de plus en plus vive. Contre l’idée que le geste politique se résume à la manifestation, l’acte de création doit puiser ses forces dans le monde. Cette semaine il sera question de capter cette énergie, de la puiser dans la nature.

«Je déroule lentement la peinture et tandis que je l’observe,
je m’avance dans une étendue sans limites de tous les côtés
et qui m’ouvre ce sentiment de l’infini que le ciel inspire en moi.»
Zong Bing (375,443)