Atelier Image de l’Image
Workshop avec Lek Nakarat
du 17 au 20 mai 2011
Analogie du tableau et de la fenêtre ouverte : invention du cadre perspectif en 1435 pour la première fois par l’architecte italien Léon Battista ALBERTI.
Albrecht DÜRER (1471-1528) prouve dans son traité la phrase d’ALBERTI, qu’un tableau est une fenêtre à travers laquelle nous regardons une section du monde visible. Les artistes du XIXème siècle, comme RENOIR, seront les héritiers de cette conception.
Dans les années 1960, Pierre BURAGLIO ouvre la voie à de nouvelles réflexions sur le thème classique du tableau-fenêtre cher à l’Histoire de l’Art en général et à MATISSE en particulier.
Selon BURAGLIO, la peinture est une fenêtre fermée sur le monde. Il retourne l’énoncé d’ALBERTI et avec lui, le pacte qui liait le tableau au spectateur : l’écran offrant à l’oeil la résistance d’une surface.
BURAGLIO travaille à une limitation, à un écrasement de la spatialité sur le plan. Il supprime l’écran de projection de l’illusion. Un espace à peindre est déjà une surface plane, bidimensionnelle, sans perspective ni ligne de fuite, “un fond où l’on bute”, mesurable, tangible, et préhensible. Ses travaux s’offrent à la vision, frontalement, avec des accidents, des surprises, sans profondeur.
Autre approche : l’espace pictural n’est plus limité par les montants d’un cadre qui ne fait plus obstacle ni au débordement de l’oeuvre ni à l’échappée du regard porté sur elle.
cf. DEGAS : cadrage insolite du sujet, plans tronqués, personnages coupés brutalement, compositions décentrées.
Influence de la photographie et des estampes japonaises.
cf. MONET et Les Nymphéas (1927) : production de l’illusion d’une étendue infinie.
cf.MANET : expansion dynamique du sujet hors de ses contours et du cadre qui le limite.
Vers le milieu du XIXème siècle, le cadre= prolongement sémantique et plastique du tableau.
Dépassement des caractéristiques purement fonctionnelles du cadre : au niveau de sa forme et au niveau de sa décoration (association du décor et de l’écriture, maximes, citations).
Dimension allégorique. Le cadre devient l’illustration du sujet. Degas porte un intérêt tout particulier aux bordures de ses cadres aussi importantes que l’oeuvre sur la toile. cf carnet de croquis(1870).
Le peintre Whisler en 1873 n’hésite pas à revendiquer l’invention des cadres colorés, afin de tisser des liens indissolubles entre bordures et peintures.
cf. le chimiste CHEVREUL : cadres colorés selon la théorie de la complémentarité des couleurs.
L’oeuvre et sa bordure englobée :ornements à la manière des tapisseries du Moyen-Age et de la renaissance.
cf.PUVIS DE CHAVANNES, GUSTAVE MOREAU, MAURICE DENIS(Nabi).
Beaucoup plus tard, ALLAN MAC COLLUM, artiste contemporain.
Réflexion critique sur la primauté de l’objet unique et sur la notion de produit industriel : Surrogate Paintings(1978)=substitut de peinture.
Tableau en bois avec rectangle central, passe-partout, cadre et couleur.
Relire le passage de MEYER SCHAPIRO extrait de “Style, artiste et Société”, concernant le cadre (distribué en cours de sémiologie). Le cadre comme artefact. Le cadre comme concept.