Fiction(s) de demain

Atelier Corporéité / Nouveaux cinémas

workshop avec Pascal Mieszala
du 3 au 4 février 2011, emafructidor

La Jetée, Chris Marker, 1962La Jetée, Chris Marker, 1962

Tout d’abord forain puis sédentarisé dans des salles dédiées au spectacle populaire de masse (les salles de plus de 2000 places n’étaient pas rares dans les années 20 !), le cinéma a connu d’importantes évolutions technologiques (le son, la couleur, le cinémascope, la 3D…) qui ont su le préserver de la forte concurrence d’autres médias et outils de diffusion des images (la télévision, le magnétoscope, le Home Cinéma, Internet, les jeux vidéos…).

Qu’imaginer de son avenir, alors que la salle (qui déserte les centres villes au profit des zones marchandes limitrophes) n’est plus le seul lieu d’exposition des films ?

Le « voir ensemble » sera-t-il le désir du spectateur de demain ? Le principe de la séance à heures fixes n’est-il pas déjà caduque, à l’heure ou le spectateur a de plus en plus l’habitude de « convoquer les images » (c’est-à-dire en user au moment où il le décide) et non le contraire ?

L’écran de cinéma (dont on tente déjà de s’affranchir via l’utilisation de la 3D) sera-t-il encore de mise ?

Ces questions s’enrichissent obligatoirement des évolutions supposées des fictions offertes aux spectateurs. Dans ce domaine, toutes les pistes de réflexion sont explorables.

Comme imaginer des lieux qui permettent au spectateur de voir des « films personnalisés » en fonction de critères décidés par un individu ou un groupe de spectateurs (constitués en réseau), imaginer la salle de cinéma comme étant seulement l’un des lieux où il est possible de ne voir qu’une partie d’une fiction plus ample (notion de jeu de piste à l’échelle d’une ville liant espaces publics et privés), etc.

Néanmoins une question essentielle se pose : le spectateur moderne qui s’implique de plus en plus dans des réalités virtuelles, ne voudra-t-il pas user d’interactivité par rapport aux fictions qui lui sont offertes (en étant face à un logiciel qui génère de la fiction sous sa directive) ?

Ne voudra-t-il pas intégrer son corps au sein de la fiction, dans l’esprit des nouvelles générations de jeux vidéos où les mouvements du joueur ont une influence sur son avatar projeté à l’écran ?

Verrons-nous apparaître de nouvelles formes de narrations qui se situent entre cinéma narratif classique et jeux vidéo ? Des fictions enrichies, des fictions kaléidoscopiques, des fictions arborescentes… Dans lesquelles le spectateur pourra être invariablement monteur, acteur, ou metteur en scène ?…

Le travail de tout artiste est d’anticiper les mutations à venir en réfléchissant à notre rapport à l’image et au monde.