Mille Soleils

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Rencontre avec Pascale Cassagnau
27 mars 2014 à 10h – IUT Amphi B
ouvert à tous

MILLE_SOLEILS PHOTO 2

Dans les plis de l’Histoire et du cinéma, Mille Soleils de Mati Diop ( 2013- 45′)

 « Le cinéma différent.
Le film ne se déroule pas, il agit. Très vite l’accord se fait entre le film et vous, vous passez de l’autre côté, sur sa rive, c’est-à-dire que son axe restant le même, son champ vous gagne et vous y entrez à votre tour, vous. Le film pour autant reste dans son orbite, enchaîné à son axe d’acier, celui de son écriture. »
Marguerite Duras, Les Yeux verts .
Touki Bouki

Si selon le critique de cinéma Thierry Jousse “ Les films poussent comme des herbes folles, un peu comme les rhizomes décrits par Deleuze et Guattari “, des films – films de cinéastes, films d’artistes, courts ou longs – ont “poussé” ces dernières décennies, ces dernières années, inventant le territoire d’un  Troisième cinéma. Ces films – films de fiction ou documentaires-  exposent des problématiques largement revisitées par les artistes contemporains, adressant à la représentation une question en commun, celle du statut du réel au sein même du récit narratif. Enfin, ces films s’inscrivent dans un espace que Gilles Deleuze décrit dans l’Image- temps  comme fait de réalité et de fiction : “ La rupture n’est pas entre la fiction et la réalité, mais dans le nouveau mode de récit qui les affecte tous les deux. Ce que le cinéma doit saisir ce n’est pas l’identité d’un personnage réel ou fictif, c’est le devenir du personnage réel quand il se met lui-même à fictionner, quand il entre en flagrant délit de légender. En quelque sorte, c’est le personnage qui ne cesse de franchir la frontière entre fiction et réalité, d’aller de l’ici à là-bas, du régime du réellement – vérace au fictivement – vérace.
Telle est la perspective tracée par le film de l’artiste Mati Diop : Mille Soleils  place le présent de l’Histoire et de l’histoire du cinéma en miroir de l’histoire du Sénégal et de l’histoire d’un film Touki Bouki, réalisé par Djibril Diop Mambety, oncle de la cinéaste, en 1972. Mille Soleils  prend la forme d’une enquête, entre fiction et réalité, interrogeant la sphère du mythe, de l’intime, de l’histoire familiale.

 La communication s’attachera à replacer le film de Mati Diop dans le champ du Troisième cinéma.
Projection de Mille Soleils ( 2013) , 45′, dvd bluray.

Bio

Pascale Cassagnau est docteur en histoire de l’art et critique d’art, Inspectrice générale de la création, responsable des fonds audiovisuels et nouveaux médias au Centre national des arts plastiques (Ministère de la culture). Elle collabore à Art Press depuis de nombreuses années. Elle est l’auteur de textes sur Chris Burden, James Coleman, John Baldessari, Pierre Huyghe, Dominique Gonzalez Foerster, Matthieu Laurette notamment. Ses recherches portent sur les nouvelles pratiques cinématographiques, dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine. Son essai Future Amnesia – Enquêtes sur un troisième cinéma (Ed Isthme) cartographie ces nouvelles formes filmiques, entre fiction et documentaire. Un pays supplémentaire (Ed Ecole nationale des beaux arts de Paris) porte sur la place de la création contemporaine dans l’architecture des médias. Intempestif, Indépendant, fragile. Marguerite Duras et le cinéma d’art contemporain, est paru aux Presses du réel en 2012. Apichatpong Weerasethakull, Une théorie des objets personnels et un essai sur la place du son dans la création contemporaine, Une idée du Nord, Excursions dans la création contemporaine sonore, sont à paraître en 2013.