Metalu Net
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rencontre avec Metalu Net
7 décembre 2015 — 10h
Auditorium du 7
Ouvert à tous
du 7 au 8 décembre 2015 — 14h
Chambre électronique
Sur inscription
Nous accueillerons pendant une journée et demie les 7 et 8 décembre Jean-Marc Delannoy et David Lemaréchal, du collectif d’artistes metalu net
Metalu net est une émergence récente de la structure lilloise Metalu à Chahuter, qui oeuvre depuis une vintaine d’années dans le spectacle vivant, la musique, l’expanded cinema en développant ses propres outils technologiques en open-source. Le collectif est orienté vers la philosophie du libre, le travail collaboratif, la mutualisation des savoirs et des compétences.
Vous ne trouverez pas grand chose sur le site de metalu net, qui est en cours de construction, mais les deux artistes présents parleront de leurs réalisations lors de leur venue.
Il s’agit d’une première rencontre, qui a vocation à se renouveler :
metalu net nous accompagnera sur le plan artistique et technologique dans le projet groupe électrogène, qui débutera à partir de janvier (description ci-joint).
Déroulé de la rencontre :
Lundi matin - présentation ouverte à tout le monde de 10h à 12h
Lundi après-midi et mardi matin - micro-atelier ouvert aux étudiants de tous niveau, sur inscription.
Réservé à Metalu Net, ce micro-atelier (initiation aux technologies de metalu net, premier moment de reflexion autour de groupe électrogène) fait partie du cursus pédagogique.
Il nécessite une inscription, et implique par conséquent un engagement de votre part à y participer.
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GROUPE ELECTROGENE (à partir de janvier)
Depuis son invention au début du XXème siècle, le cinéma est devenu une industrie qui a très vite établi des normes tant dans le tournage, le montage, la conception des films que dans leur exploitation et leur diffusion. A la marge du cinéma conventionnel, de nombreux artistes ont toujours cherché à déjouer ces usages imposés par une logique d’exploitation à grande échelle, et se sont émancipés de la salle de cinéma (ses sièges rambourrés, l’écran frontal, son confinement à l’intérieur d’un espace clos) et du cerémonial qui l’accompagne (le rituel social, le paquet de pop-corns, …).
En suivant les traces laissées par les pionniers du cinéma underground américain et de l’expanded cinema, et en s’inspirant de l’injonction de Jonas Mekas, répondant simplement « go out and film! » à des participants un peu trop inquiets des normes et des usages lors d’une masterclass de cinéma, et qui, invité cette année à présenter ses films à la biennale de Venise, décide de les projeter dans un fast food, il s’agirait ici de faire du cinéma « sauvage » comme on fait du camping sauvage en investissant des lieux urbains ou naturels, friches, ports, cascades, clairières le temps d’une soirée ou d’une nuit, tirant parti à chaque fois du lieu et de ses spécificités pour remettre en jeu et en questions les rapports qu’entretient l’image avec l’architecture mais également avec les corps de ceux qui la regardent et la font exister.
Groupe Electrogène est un projet à dimensions variables tant dans sa temporalité que dans ses manifestations. Il se déroulera en continu et s’adresse aux étudiants de tous niveaux et aux enseignants qui souhaitent y participer. Les sorties feront généralement l’objet d’une préparation et pourront être anticipées dans le cadre des workshops avec des intervenants extérieurs.
Paysage Nourricier – Sculpture Vivante
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rencontre avec Olivier Nattes
25 novembre 2015 — 18h — Auditorium du 7
ouvert à tous
Cette conférence s’articulera autour de la présentation de l’oeuvre que je réalise actuellement, “La Nourrice”. Il s’agit d’une installation pérenne au coeur d’un petit village dans le Gers. La Nourrice est un jardin forêt comestible et habitable; un écosystème nourricier reconstitué au coeur de la cité. L’idée maitresse est de s’inspirer du caractère autonome et plastique de la nature pour créer un nouveau type de lieu, un mi-lieu en sorte, dans lequel nature et culture s’associent dans un objectif de mieux vivre ensemble et de développement écosophique. Cette oeuvre expérimentale conduit à envisager notre environnement comme un territoire de pratiques sociales, environnementales et artistiques nouvelles et reconstructrices. La présentation sera suivie d’une discussion.
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Biographie
Artiste, constructeur, chercheur, Olivier Nattes inscrit sa pratique au confluent de l’art, des sciences et de l’écologie. Dessins, sculptures ou installations, projets écologiques, ses productions explorent la relation entre la nature, la science et nous mêmes. Utilisant parfois des phénomènes naturels qui se convertissent en éléments sculpturaux et en concepts artistiques, Olivier Nattes révèle de forts potentiels inhérents au réel, dans lequel l’individu est souvent amené à participer activement. L’artiste ne nous propose pas un autre monde, il tente de nous prouver que ce monde est bien plus riche qu’on ne le laisse entrevoir et qu’il reste encore beaucoup à découvrir.
Je digitalise comme un fou, 3.1 (lecture écrans performés)
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Performance de Françoise Goria et Pascal POYET
18 novembre 2015 — 19h — Auditorium
ouvert à tous
lecture écrans performés
Une « lecture écrans performés » est une table de travail. Un texte et un corpus de photographies sont mis en mouvement par leurs auteurs respectifs, par la lecture et la projection numérique. Ils ont d’abord été élaborés séparément. Lorsqu’ils sont diffusés simultanément (lorsqu’ils sont « performés »), les deux ensembles, mots et images, peuvent coïncider ou diverger. Chaque auteur-opérateur « réalise », au sens cinématographique du terme, deux phrases empruntées à Jacques Derrida : « Depuis longtemps, je dis qu’on écrit des manuscrits pour deux mains. Et je digitalise comme un fou. »
La performance publique est la dernière étape d’un processus de fabrication du sens.
Arne Næss, une écosophie venue de Norvège
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rencontre avec Mathilde Ramadier
04 novembre 2015 — 18h30 — Auditorium du 7
ouvert à tous
présentation de la vie du philosophe et de son œuvre par Mathilde Ramadier
Auteure, scénariste de bande dessinée, j’ai commencé à apprendre le norvégien après plusieurs voyages en Scandinavie. Diplômée de l’ENS en philosophie, j’étudie l’œuvre d’Arne Næss depuis deux ans dans le cadre de la publication aux éditions Futuropolis, en 2016, d’un roman graphique relatant les péripéties d’un ingénieur pétrolier qui découvre la nature norvégienne et se confronte, par extension, à la philosophie de l’écologie – avec au dessin Laurent Bonneau. Je travaille en parallèle sur un projet d’essai sur le philosophe. Peu de choses existent à son sujet en français, seulement deux de ses ouvrages ont été traduits.
« L’écologie profonde »
L’écologie profonde a pour objectif le rejet de la vision de l’homme-au-sein-de-l’environnement en faveur d’un égalitarisme biosphérique. Elle est conçue en opposition avec celle que Næss considère comme étant “superficielle” – c’est-à-dire l’ensemble des mesures prises par les gouvernements occidentaux ayant pour seul but d’améliorer le niveau de vie des pays du Nord, sans reconsidérer de manière significative la place de la l’homme au sein de la nature. Les intérêts de celle-ci doivent selon Næss passer avant ceux de l’homme, sans pour autant que cela constitue une négation radicale de l’humanisme. L’écologie profonde cherche à motiver une action et un engagement pratique, et non pas à prescrire un code éthique.
L’œuvre d’Arne Næss compte une trentaine de livres, plusieurs centaines d’articles, traduits en plus de six langues. Elle connaît un succès majeur en Scandinavie, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Le terme d’écologie profonde a été introduit pour la première fois en 1973 dans un article intitulé “ The Shallow and the Deep, Long-Range Ecology Movement. A Summary ”, publié dans la revue Inquiry.
Une bibliographie en français et en anglais sera remise aux étudiants désireux d’en savoir plus.
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Biographie
Née en 1987, Mathilde Ramadier débute ses études à l’école d’arts appliqués ENSAAMA Olivier de Serres à Paris. Elle s’éloigne ensuite du dessin pour étudier l’esthétique et la psychanalyse à l’université Paris 8. En parallèle, elle anime une émission sur les arts numériques et les musiques électroniques sur Radio Campus Paris. Elle obtient en 2011 un master de philosophie contemporaine à l’école normale supérieure, puis s’installe à Berlin.
Son premier roman graphique, Rêves Syncopés, une histoire des musiques électroniques axée sur la vie de Laurent Garnier, est publié en octobre 2013 aux éditions Dargaud (dessins de Laurent Bonneau). Elle publie chez le même éditeur une biographie de Sartre en BD (dessins d’Anaïs Depommier). Elle publie dans La Revue dessinée, sur Rue89, Libération voyages, Yagg.
À venir : Berlin 2.0, aux éditions Futuropolis, 11 février 2016 (dessins d’Alberto Madrigal). Et en 2016 : Et il foula la Terre avec légèreté, Futuropolis (dessins de Laurent Bonneau)
ECOSOPHIE (Poétique de l’habiter) Hommage à Nicéphore
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rencontre avec Jean-François Brun
14 octobre 2015 — 18h30 — Auditorium du 7
Entrée Libre
ECOSOPHIE (Poétique de l’habiter) Hommage à Nicéphore > Peut-on lever le voile sur ce que désigne — depuis quelques années (1960) — ce nom : écosophie? Quel sens voudrait porter en avant un tel vocable? Quelles attentes (horizon de sens) semblent nourrir ce terme? Peut-il être compris comme le symptôme de ce que son proche (écologie) ne suffit pas? L’inflation récente de ce radical éco- (de l’ancien grec oïkos, souvent traduit par “maison”) qui s’est vu adjoindre une multitude de substantifs, a donné lieu à une série innombrable de néo-syntagmes. Au delà des faits reconnus, cette inscription symptomatique doit nous convaincre de ce que ce terme pointe un (le?) problème majeur de ce temps (la fureur du monde exaspérerait plus que jamais les possibilités d’accomplissement de l’habiter humain). L’éco-sophie (sophia — mot du grec ancien pour dire la sagesse) peut-elle tempérer cet élan, ou s’agit-il d’autre chose — d’un autre commencement ?
Notre situation doit-elle être repensée à nouveaux frais, de fond en comble? De ces nouveaux montages de sens qui combinent ce radical, nous ferons cas de quelques uns : éco-technie, éco-féminisme, éco-politique. > Avant cela, un « conte » tentera de ressaisir cet épisode dans lequel nous nous tenons – et, sans doute, dans lequel nous n’avons jamais cessé de nous tenir. A concevoir l’habiter selon sa double inflexion : habiter (le monde) et être habité (par des pensées), il se peut que la « photographie » — au sens large — se puisse comprendre comme une nouvelle façon d’habiter — d’être habité par — la lumière? Est-ce vers cette dernière que nous devons nous tourner pour attendre quelques éclaircissements? > Se peut-il, dans ce même mouvement, que nous puissions commencer de penser autrement l’établissement scolaire (le – ou la? – mode de “l’éco-école” qui touche jusque là l’enseignement primaire, ne semble pas toutefois affecter les méthodes de cette éducation). Nous revient-il d’envisager cette école, et son site, selon ce nouvel envoi — telle une clairière qui saurait se porter à la hauteur de ce temps pour l’ouvrir à sa nouvelle dimension : inaugurer, penser, pratiquer, enseigner une poétique de l’habiter. Faire droit à un autre commencement : relancer l’invention de l’art.
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Biographie
Jean‐François Brun est un artiste qui a participé depuis les années 80 à de nombreuses expositions aussi bien en Europe, qu’aux USA, ainsi qu’en Asie. Il a oeuvré au sein de différents collectifs d’artistes (co-fondateur de l’agence “Information Fiction Publicité”) et a pris part à la création de plusieurs lieux alternatifs (New York, Paris). Ses oeuvres sont visibles dans des collections publiques et privées. Lauréat de la Villa Kujoyama (Kyoto, Japon) en 1992, il a effectué depuis de nombreux voyages en Asie où il a conçu, lors de ces séjours jusqu’en 2005 (Inde, Chine, Japon), des oeuvres permanentes pour des sites publics.
Installé maintenant dans le sud-ouest de la France, dont il est originaire, il mène une réflexion et poursuit différentes pratiques regroupées autour ce qu’il nomme une poétique de l’habiter.
Il enseigne actuellement à Ema Fructidor (Chalon sur Saone).
Faire art de publier
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Rencontre avec Laurent Bruel
29 mai 2015 10h-12h — emafructidor
ouvert à tous
Depuis un peu plus de dix ans, les Éditions Matière publient des livres d’images, des livres qui associent des images et du texte. Des livres conçus comme des actions dans le champ de l’art. Sous quels impératifs, selon quelles modalités ces livres sont-ils élaborés, fabriqués et diffusés ? Comment fait-on de l’art avec des livres ? Qu’est-ce, en définitive, que publier pour qui ambitionne de faire de l’art ? — intervention de Laurent Bruel, responsable éditorial des Éditions Matière.
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Biographie
Laurent Bruel est né en 1970. Il vit à Montreuil. Il étudie le design industriel, puis l’histoire de l’art. En 2000, il fait partie de la bande qui fonde le Dojo cinéma, unité de production / réalisation / projection cinématographique qu’il contribue à animer durant sept ans. Il enseigne la prise de vue vidéo à Tokyo durant un an.
En 2003, il fait partie de la bande qui fonde les Éditions Matière, dont il devient responsable éditorial.
Il est par ailleurs l’auteur de Notes sur le cinéma hollywoodien (AAPM, 2001), L’Origine du judo (entretiens avec Igor Correa et Rudolf Di Stéfano, AAPM, 2002), Junomichi (Budo éditions, 2010).
Les distorsions du jeu vidéo
Rencontre avec Elsa Boyer
23 avril 2015 10h-12h — Nicéphore Cité
ouvert à tous
Biographie
Elsa Boyer est l’auteure du Conflit des perceptions (MF, 2015)et de trois romans parus chez P.O.L. Elle a également dirigé le collectif Voir les jeux vidéo (Bayard, 2012) et enseigne le cinéma à l’université de Lille 3.
Que font la danse et la performance au musée ?
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Rencontre avec Marcella Lista
7 avril 2015 10h-12h — Nicéphore Cité
ouvert à tous
Danse et performance s’installent aujourd’hui dans les musées dédiés aux arts visuels, parachevant, du moins en apparence, leur reconnaissance et leur intégration dans l’histoire de l’art. La cohabitation du régime performatif et du régime de l’objet, toutefois, ne va pas sans frottements, résistances, apories, voire malentendus. Ceci tout particulièrement dans le cadre de l’évolution que connaissent les politiques culturelles vers le « tout événement ».
La performance, si elle apparaît aujourd’hui comme l’un des paradigmes les plus féconds de la modernité artistique, n’en porte pas moins la tradition d’une contre-culture, voire d’une posture ouverte de critique institutionnelle. La danse, dont les avancées et les ruptures radicales sont saluées depuis quelques années en regard de l’histoire de l’art des XXe et XXIe siècles, reste travaillée par une historiographie trop récente et lacunaire pour participer aux débats esthétiques actuels à part égale avec les arts visuels. L’une et l’autre de ces pratiques ont développé des affinités électives avec le film et la vidéo, sans manquer d’exprimer une résistance structurelle – en revendiquant leur statut d’arts « vivants » et éphémères – à l’ontologie des supports enregistrés qui prennent dans les musées une place croissante. C’est un paysage complexe que forment à présent les « arts temporels » (« time-based arts ») dans l’espace d’exposition, dans l’architecture muséale et dans la collection et la conservation des œuvres d’art. Pour toutes ces raisons, les déplacements de la danse et de la performance au musée prêtent à l’investigation critique, à la mesure des attentes qu’elles suscitent.
Cette conférence propose de revenir sur quelques expériences majeures menées dans le champ de la danse et de la performance au musée depuis le début des années 2000. Sa perspective est d’interroger cette question en éclairant son degré d’élaboration conceptuelle par des artistes désireux d’un dialogue avec ce que le chorégraphe Boris Charmatz, fondateur d’un musée expérimental de la danse au conservatoire national de Bretagne, appelle « l’espace historique ».
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Biographie
Marcella Lista est historienne de l’art, enseignante et responsable de la programmation en art contemporain à l’auditorium du Louvre. Ses recherches portent sur l’histoire pluridisciplinaire de la modernité, autour de questions soulevées par les croisements entre la musique et les arts visuels, la danse, la performance et les nouveaux médias, les théories élargies de l’abstraction. Elle a été commissaire de plusieurs expositions, dont « Sons & Lumières : une histoire du son dans l’art du XXe siècle » (Centre Pompidou, 2004), « Corps étrangers : danse, dessin, film » (musée du Louvre, 2006);
« Pierre Boulez. Œuvre : Fragment » (musée du Louvre, 2008) ;
« Paul Klee : Polyphonies » (musée de la Musique, Paris, 2011) ;
« Walid Raad / Préface à la première édition » (musée du Louvre, 2013) et « Mark Lewis. Invention au Louvre » (musée du Louvre, 2014). Elle est l’auteure de L’œuvre d’art totale à la naissance des avant-gardes (Paris, INHA/CTHS, 2006) et de plusieurs essais. Parmi ses dernières publications : « Xavier Le Roy : ‘a discipline of the unknown’ », Afterall (Londres, été 2013) ; « Play Dead : Dance, Museums and the ‘Time-based Arts’», Dance Research Journal, Cambridge University Press (sous presse).
Haut-parleur, voix et miroir…
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Rencontre avec Lionel Marchetti
12 février 2015 10h-12h — Conservatoire de Musique
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Comment enregistrer un son ? Que veut-il “dire”, une fois capté par le microphone et diffusé au travers de la membrane du haut-parleur ? Un son dans l’espace, un phénomène sonore que l’on écoute avec son corps, ses oreilles est-il toujours le même passé le filtre, le masque de la membrane haut-parlante ?
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Biographie
Lionel Marchetti (1967) est un compositeur français de musique concrète, également improvisateur (électronique, instruments analogiques et numériques divers – avec haut-parleurs modifiés), interprète acousmatique ainsi que plasticien artiste sonore et poète écrivain.
Cinégénie du téléphone
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Rencontre avec Dork ZABUNYAN
5 février 2015 10h-12h — Nicéphore cité
ouvert à tous
Le téléphone est omniprésent dans l’histoire du cinéma, et ses usages engagent des choix de mise en scène qui varient avec les époques et les appareils (fixe, mobile ou portable). Reposant sur une dialectique qui le définit en propre – entendre son interlocuteur sans le voir –, le téléphone permet aux réalisateurs d’accroître le suspense d’une intrigue, d’augmenter la dramatisation d’une séquence ou encore d’accentuer la désorientation spatiale d’un personnage qui parle un combiné à l’oreille. L’intervention privilégiera justement ces cas où l’emploi du téléphone dans un film engendre une vision de l’espace où les repères se brouillent, où la perception naturelle n’est plus opératoire. Ainsi, il apparaîtra que le téléphone, dans la variété de ses apparitions filmiques, transforme le cinéma comme art du temps en un art de l’espace aux potentialités formelles insoupçonnées.
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Biographie
Dork Zabunyan est maître de conférences HDR en cinéma à l’université de Lille. Il dirige la collection « Logique des images » aux éditions Bayard et collabore régulièrement à différentes revues comme Art Press, Trafic, les Cahiers du cinéma ou Critique.
La machine à écrire expérimentale
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Rencontre avec Isabelle Krzywkowski
29 janvier 2015 10h-12h — IUT Amphi A
ouvert à tous
Le rôle du medium dans la littérature fait aujourd’hui l’objet d’une réévaluation, non seulement dans le prolongement de l’affirmation de Marshall McLuhan selon lequel « le medium est le message », mais en considérant plus largement la place et la part du medium et de l’état « technologique » de la société dans le travail de création.
La conférence partira de l’hypothèse que la pratique expérimentale portée par les avant-gardes repose précisément sur cette conscience nouvelle du medium et des mutations médiologiques, et sur la volonté d’en explorer les potentialités. Elle s’intéressera donc à l’usage et à l’influence des diverses « machines à écrire » du XIXème siècle à nos jours, dont elle présentera et analysera certains cas de figure.
Cette réflexion concernera principalement des pratiques littéraires, mais vise, dans le cadre de la discussion qui suivra, à la confronter aux approches des plasticiens, pour lesquels la question du medium a toujours été plus centrale.
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Biographie
Isabelle KRZYWKOWSKI est professeur de littérature générale et comparée à l’Université Stendhal-Grenoble 3 et dirige le Centre de recherche sur l’imaginaire (CRI). Depuis plusieurs années, elle a orienté ses recherches vers les avant-gardes historiques (« Le Temps et l’Espace sont morts hier ». Les Années 1910-1920. Poésie et poétique de la première avant-garde, Paris, Éditions L’Improviste, 2006) et les relations de la littérature, des arts et des technologies (Machines à écrire. Littérature et technologies du XIXe au XXIe siècle, Grenoble, ELLUG, 2010), autour de la question plus générale des littératures expérimentales internationales.
Elle fait en effet l’hypothèse que l’expérimentation littéraire a partie liée avec l’exploration d’un medium (quel qu’il soit), et que cette approche est particulièrement manifeste dans les moments de mutation technologique. C’est dans ce cadre qu’elle s’est intéressée aux littératures numériques. Elle envisage le rapport des arts aux technologies comme un processus d’appropriation qui, à la fois, met en forme un imaginaire des techniques et détourne leur sens, pour permettre de les penser.