UNE PROPOSITION ALGORITHMIQUE DU REEL | Pepo Salazar Lacruz
La physionomie du présent est saturée d’options où l’on peut choisir librement entre tout ce qui est brillant et poli, sexy et irisé. Le présent est l’ingénierie des produits, il est rapproché, rapide, continu, gracieux, sain, propre et inodore. Ce qui nous est donné nous est donné déjà terminé, complet avec des idées solides et un sens comme une possibilité logique et sinueuse d’épanouissement et de développement personnel.
Mais la réalité actuelle peut aussi être comprise comme une construction essentiellement composée de réductionnismes fondés sur des dualités (bien/mal, homme/femme, Madrid/Barça, Poutine/Trump, Riche/Pauvre, réussite/échec, etc.) qui deviendront plus tard des concepts univoques parmi lesquels nous pourrons choisir et qui fonderont à leur tour une notion de liberté vidée de sens en dehors de sa propre dynamique de reproduction exponentielle. Sous ces constructions symboliques identiques se cache le délire et le désir qui les constituent. La connectivité et le développement logique des vies sont considérés comme linéaires alors qu’ils ne sont que rhizomatiques, asyncopés et ne coïncident jamais. De cette incohérence suinte ainsi la trace fatiguée et déprimée, sale, malodorante et précaire d’un paysage global, élargi jusqu’à la pixellisation, composé de vides et de lacunes, d’erreurs, de précipices et de zones sans lumière (fail).
En dehors de toute logique et de tout sens, la réalité ressemble de plus en plus à une proposition algorithmique-schizoïde dans laquelle l’alternative n’est que la possibilité de consommation de la même chose, du même signe réduit, du même objet qui est toujours le même sujet ; Et l’univoque est le signe de l’autoritaire qui nous amène à la précarité matérielle et intellectuelle, à l’auto-exploitation et à la collaboration consumériste avec les chaînes de l’oppression.
Mais c’est là, paradoxalement, dans les zones sombres où la lumière doit être projetée, dans le dispositif erroné, dans l’hétérogénéité et la connectivité désirantes des objets-symboles-sujets, dans la grammaire flexible, dans l’échec, dans les exclus, car il est-ce là que réside la perspective de débordement et la possibilité de faillite avec nos fondamentaux les plus stables ; Produire de la dissidence, du sens sans signification et assembler des objets morts pour qu’ils créent.
DESCRIPTION DU WORKSHOP
Nous aborderons tous ces aspects dans un workshop théorique et pratique.
La partie théorique consistera (premier jour) en une lecture-conférence dans laquelle nous aborderons trois idées clés :
· L’idée de dispositif contre celui de système, de projet, de linéarité (idée de Rhizoma)
· Les objets deviennent signes de sujets (Sémiologies, idée de dissent)
· Et nous questionnerons largement l’idée de signification à laquelle nous opposerons l’idée de SENS
· Nous ferons tout cela en revisant quelques oeuvres d’artistes qui illustrent les concepts.
· Nous ouvrirons la classe au débat.
Les deuxième et troisième jours nous passerons à l’activité pratique où l’étudiant sera invité à travailler dans le médium de son choix pour réaliser une pièce qui comprend ses intérêts par rapport aux concepts étudiés et, le quatrième et dernier jour de l’atelier, montrez leur(s) pièces dans une exposition collective. Ces travaux seront partagés et ouverts au dialogue/analyse avec le reste des étudiants participant à l’atelier ainsi que le tuteur.
PEINTURE D’UNE PEINTURE D’UNE PEINTURE… | Manon Vargas et Corentin Canesson
Pour ce workshop nous invitons les étudiant.e.s participant.e.s à venir avec une pièce/ peinture récente qu’il/ elle présentera. Il s’agira ensuite de redistribuer tous les travaux au hasard entre les étudiant.es, qui devront en faire une reprise en peinture. Ce workshop est bien sûr ouvert aux étudiant.e.s ne pratiquant pas la peinture.
Le lendemain les productions du premier jour seront à nouveau redistribuées, et ainsi de suite tout au long de la semaine pour, lors du cinquième jour, revenir à l’étudiant.e initiale qui devra effectuer une reprise de la reprise de la reprise (etc..) de la pièce qu’il a amené le premier jour.
L’accumulation des inscriptions contenues par ces peintures nourrira progressivement nos échanges et nos discussions avec vous. Nous dégagerons ainsi des thématiques et des motifs communs à l’ensemble de ces travaux. Ce sera également l’occasion d’alimenter des champs de références en partant de vos productions quotidiennes.
Le but de cet exercice répétitif, (en apparence) est de créer une forme de jeu entre les étudiant.e.s, de diluer dans la peinture un maximum de stratégies de groupe, et de vous inviter à une forme de lâcher prise propice à l’expérimentation et au plaisir que permet la peinture.
Il s’agira de regarder ensemble les nouvelles productions chaque jour, et de se poser certaines questions comme : Qu’est-ce que peindre après quelqu’un ? Littéralement, et conceptuellement. Comment ne pas s’ennuyer ? Comment respecter ou ne pas respecter le travail de quelqu’un ? Et comment recommencer chaque lendemain ? Un accrochage collectif clôturera le workshop.
MIS OÙ ÇA N’ÉTAIT PAS LAISSÉ OÙ ÇA SE TROUVE UTILISÉ COMME ÇA NE L’A PAS ÉTÉ JUSQU’À CE QUE ÇA SOIT | Guillaume CONSTANTIN
MIS OÙ ÇA N’ÉTAIT PAS WHERE IT WAS NOT
LAISSÉ OÙ ÇA SE TROUVE LEFT WHERE IT IS
UTILISÉ COMME ÇA NE L’A PAS ÉTÉ USED AS IT WAS NOT
JUSQU’À CE QUE ÇA SOIT UNTIL IT IS
2006
LAWRENCE WEINER
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Cet énoncé de l’artiste Lawrence Weiner peut se lire de plusieurs manières : comme une (ou des) direction(s) de
travail, un protocole à suivre, comme une forme poétique, un jeu formel sur le langage.
Ce workshop invitera les participant e s à disposer, installer et photographier, filmer dans le contexte des ateliers
et de l’école des objets trouvés, des éléments personnels, des images choisies. De manière à tester différentes
logiques de mise en en espace et de situation « mis où ça n’était pas laissé où ça se trouve … ».
Nous étudierons par ce biais différents aspects que recoupent les termes de display, d’accrochage, de support en
regard des notions de sculpture et d’installation, plus largement la notion d’espace et de contexte qui entoure
chaque objet, dispositif ou matériau disposé.
D’une logique de repli, de réunion d’objets et d’affects, les expérimentations basculeront ainsi dans une
perspective de déploiement de matériaux et d’histoires personnelles, une restitution collective dans un même
lieu, où les questions d’exposition, de collection, de valeur viendront se glisser «jusqu’à ce que cela soit ».
LIEN | Laura Bel et Pierre-Eloi Hermary
Le workshop initié en collaboration entre les deux écoles EMA de Chalon-sur-Saône et l’école des Beaux-Arts Beaune Côte et Sud a inspiré les deux enseignants en céramique de ces écoles respectives Laura Bel et Pierre-Eloi Hermary autour du thème du « lien ».
Afin de nourrir l’inspiration élèves des deux écoles réunies, l’oeuvre de Mathieu Mercier « multiprise » pourrait être l’élément déclencheur.
Un travail individuel ou en petit groupe en céramique devra aboutir à une oeuvre collective ou chaque pièce en tout ou partie devra répondre à un code s’accordant au thème du « Lien ».
La connexion, l’emboîtement et le travail autour de formes communicantes seront explorés à travers ce projet.